Texte Gaza
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Texte Gaza
L'idée d'aborder le texte de Gaza me trotte dans la tête depuis quelques temps alors je me lance...
Il n'est bien sûr pas question ici d'aborder ce texte sous un angle politique.
Ce qui m'intéresse avant tout, c'est la forme. Plus je l'écoute (et plus je le lis) et plus je me dis que la volonté de h de raconter les choses avec détail nuit à la portée de son texte.
Je m'explique rapidement. En gros, la situation politique complexe du Proche-Orient est connue, les conditions de vie en Palestine le sont également et la violence générée par ces situations l'est tout autant.
Sur ces points, force est de constater que son texte ne nous apporte pas grand chose. La question que je me pose est la suivante : était-il absolument nécessaire de re-contextualiser autant les choses pour parvenir à sensibiliser son auditeur ?
Et là, je pense à deux textes - absolument remarquables - dans lesquels leurs auteurs ont abordé leur sujet d'une manière bien différente et, à mon avis, bien plus efficace (et bien plus belle également). Ces deux textes sont "Biko" de Peter Gabriel et "Forgotten sons" de Fish.
D'une manière générale (et non politique hein ), que pensez-vous de "Gaza" ?
Il n'est bien sûr pas question ici d'aborder ce texte sous un angle politique.
Ce qui m'intéresse avant tout, c'est la forme. Plus je l'écoute (et plus je le lis) et plus je me dis que la volonté de h de raconter les choses avec détail nuit à la portée de son texte.
Je m'explique rapidement. En gros, la situation politique complexe du Proche-Orient est connue, les conditions de vie en Palestine le sont également et la violence générée par ces situations l'est tout autant.
Sur ces points, force est de constater que son texte ne nous apporte pas grand chose. La question que je me pose est la suivante : était-il absolument nécessaire de re-contextualiser autant les choses pour parvenir à sensibiliser son auditeur ?
Et là, je pense à deux textes - absolument remarquables - dans lesquels leurs auteurs ont abordé leur sujet d'une manière bien différente et, à mon avis, bien plus efficace (et bien plus belle également). Ces deux textes sont "Biko" de Peter Gabriel et "Forgotten sons" de Fish.
D'une manière générale (et non politique hein ), que pensez-vous de "Gaza" ?
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Re: Texte Gaza
en effet, 2 morceaux qui m'ont bien marqué , que j'ai beaucoup écouté avec émotions , et qui sans doute pourraient figurer parmi les " titres essentiels " marquants de la musique " rock " des 50 ans passés , pour faire un lien avec le récent topic de ce forum intitulé donc : Les plus grandes chansons de tous les tempsAnne-A a écrit :
Et là, je pense à deux textes - absolument remarquables - dans lesquels leurs auteurs ont abordé leur sujet d'une manière bien différente et, à mon avis, bien plus efficace (et bien plus belle également). Ces deux textes sont "Biko" de Peter Gabriel et "Forgotten sons" de Fish.
Tu as raison je suppose : ce n'était sans doute pas AUTANT nécessaire ...Anne-A a écrit :
(...) était-il absolument nécessaire de re-contextualiser autant les choses pour parvenir à sensibiliser son auditeur ?
... bon, je n'ai guère essayé de réfléchir à ta question , qui me semble très intéressante , mais je pense que je suis plutôt d'accord avec toi , et force est de constater que je connaissais tous les textes de toutes les chansons du marillion des 8Oies par coeur ...
... tandis que dès Brave , qui reste pourtant mon album préféré de l'époque H , j'ai commencé à lacher certains textes , du coup de nos jours je ne connais plus aucun texte par coeur, juste seulement des passages , grâce à l'émotion du chant de H aussi , mais on est d'accord les textes sont moins recherchés , plus simples ... ( bon je sais que ce n'est pas cela que tu as dit ) , donc, je réfléchirai peut-être à Gaza , mais j'en profite pour dire que je remercie tous les témoignages au sujet de la pauvreté du texte de Montréal , texte que du coup je n'ai pas lu , ouf et tant mieux pour moi
amicalement
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Re: Texte Gaza
Tiens, désolé je change encore un peu de sujet , je dévie en ajoutant que ces derniers mois, j'ai beaucoup écouté R10 très régulièrement , et j'aime bien la simplicité du texte de A Few WORDS FOR THE DEAD , qui n'est certes pas aussi politique que les 3 morceaux que tu as cités , mais qui nomme une forme de barbarie de façon relativement subtile , non ?...
( je pense que la traduction proposée sur le présent site ne rend pas justice au texte )
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Re: Texte Gaza
C’est pareil pour moi. Même si je n’ai pas réécouté les albums de la période Fish, je suis quasi certaine que si je le faisais je me mettrais à (mal ) chanter sur tous les titres ou presque. En fait, je pense que, au-delà des textes en eux-mêmes, cela vient surtout du fait que globalement les lignes de chant de Fish sont plus accessibles que celles de Hogarth, lequel possède une technique vocale bien supérieure. Hogarth a la capacité de créer et de chanter des mélodies complexes ; lesquelles, en contrepartie, sont plus difficiles à mémoriser pour le public (tu peux essayer de comparer, par exemple, "Neverland" et "Sugar mice").nikowe a écrit :et force est de constater que je connaissais tous les textes de toutes les chansons du marillion des 8Oies par coeur ...
... tandis que dès Brave , qui reste pourtant mon album préféré de l'époque H , j'ai commencé à lacher certains textes , du coup de nos jours je ne connais plus aucun texte par coeur, juste seulement des passages , grâce à l'émotion du chant de H aussi
Tu as raison d’évoquer "A few words for the dead" (que j’ai pour ma part redécouverte sur Size matters) qui est effectivement bien plus simple et surtout bien plus imagée.
Le texte de Gaza est trop journalistique, trop factuel, en somme trop terre à terre. Il y perd donc - je trouve - beaucoup en émotion et en puissance. Toutefois, et tu as raison, Hogarth est capable de créer de l’émotion par son seul chant. En d’autres termes, même sur un texte faible, il peut grâce à son interprétation parvenir à amener son auditoire exactement là où il le veut. C’est là qu’est sa force. Fish est, selon moi, à peu près à l’opposé. Son interprétation de "Forgotten sons" est – disons – plus limitée, mais son texte est en tous points remarquable (tant sur le plan de la construction que des références).
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Re: Texte Gaza
interesting !Anne-A a écrit :C’est pareil pour moi. Même si je n’ai pas réécouté les albums de la période Fish, je suis quasi certaine que si je le faisais je me mettrais à (mal ) chanter sur tous les titres ou presque. En fait, je pense que, au-delà des textes en eux-mêmes, cela vient surtout du fait que globalement les lignes de chant de Fish sont plus accessibles que celles de Hogarth, lequel possède une technique vocale bien supérieure. Hogarth a la capacité de créer et de chanter des mélodies complexes ; lesquelles, en contrepartie, sont plus difficiles à mémoriser pour le public (tu peux essayer de comparer, par exemple, "Neverland" et "Sugar mice").nikowe a écrit :et force est de constater que je connaissais tous les textes de toutes les chansons du marillion des 8Oies par coeur ...
... tandis que dès Brave , qui reste pourtant mon album préféré de l'époque H , j'ai commencé à lacher certains textes , du coup de nos jours je ne connais plus aucun texte par coeur, juste seulement des passages , grâce à l'émotion du chant de H aussi
Tu as raison d’évoquer "A few words for the dead" (que j’ai pour ma part redécouverte sur Size matters) qui est effectivement bien plus simple et surtout bien plus imagée.
Le texte de Gaza est trop journalistique, trop factuel, en somme trop terre à terre. Il y perd donc - je trouve - beaucoup en émotion et en puissance. Toutefois, et tu as raison, Hogarth est capable de créer de l’émotion par son seul chant. En d’autres termes, même sur un texte faible, il peut grâce à son interprétation parvenir à amener son auditoire exactement là où il le veut. C’est là qu’est sa force. Fish est, selon moi, à peu près à l’opposé. Son interprétation de "Forgotten sons" est – disons – plus limitée, mais son texte est en tous points remarquable (tant sur le plan de la construction que des références).
suisassez d'accord avec toi . Les talents de Fish et Hogarth sont très différentzs et se complètent peut être d'ailleurs un peu ; cela étant dit , et je suppose que tu en conviens , je pense que le chant de Fish était capable de diverses émotions puissantes et profondes , (et l'une des émotions qu'il maîtrise bien "mieux" qu'Hogarth serait une forme de RAGE plus appuyée , plus "violente" , peut être ?...
quelle puissance aussi dans le texte de Forgotten Sons
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Re: Texte Gaza
Cette rage qu'il n'a d'ailleurs pas su maitriser
avec les ravages que l'on connait aujourd'hui
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Re: Texte Gaza
savate38 a écrit :Cette rage qu'il n'a d'ailleurs pas su maitriser
avec les ravages que l'on connait aujourd'hui
Oui, oui tout a fait d'accord !
Je pense même effectivement qu'il s'agit d'une certaine forme de violence - tu as raison Nikowe - , que l'on ne retrouve pas chez Steve Hogarth - où tout au moins elle est nettement plus nuancée.
Modifié en dernier par Anne-A le 15 juillet 2013, 18:51, modifié 1 fois.
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Re: Texte Gaza
Poussons le parallèle entre "Gaza" et "Forgotten sons" encore un peu plus loin en comparant les six couplets suivants :
Gaza
“For every hot-head stone ten come back
For every hot-head stone a hundred come back
For every rocket fired the drones come back
For thirteen years the roads have all been closed
We're isolated. We're denied medical supplies
Fuel and work are scarce. They build houses on our farms
The old men weep. The young men take up arms.
We're packed like chickens in this town of block cement
I get headache from the diesel. When it rains, the sewers too
I had no idea what martyrdom meant
Until my older brother… my older brother
I'm sorry. I can't continue.”
Forgotten sons
“And so as I patrol in the valley of the shadow of the tricolour
I must fear evil, for I am but mortal and mortals can only die
Asking questions, pleading answers from the nameless faceless watchers
That stalk the carpeted corridors of Whitehall
Who orders desecration, mutilation, verbal masturbation
I in the guarded bureaucratic wombs
Minister, minister care for your children, order them not into damnation
To eliminate those who would trespass against you
For whose is the kingdom, the power, the glory forever and ever, Amen
Halt who goes there, Death, approach friend”
Ce qui m’intéresse c’est de voir comment nos deux auteurs parviennent à leur idée finale – qui est donc d’évoquer la mort. Leur cheminement est totalement différent.
Hogarth nous rend compte d’une situation au fond comme pourrait le faire un reporter envoyé sur le terrain. Aucune tension psychologique n’est perceptible à la lecture de ces couplets, alors qu’ils débouchent pourtant sur un final dramatique.
Les trois couplets de Fish sont à l’exact opposé. S’inspirant d’un psaume de la Bible, chaque mot est un pas vers l’abîme. La violence (cette fameuse "violence" en effet !) de ces couplets est telle que le message en devient saisissant. Et la dernière phrase arrive presque comme un soulagement : "Halt who goes there, Death, approach friend"
Au final, ce qui sauve Gaza d'une certaine platitude, c'est la mise en musique qui est très soignée et très efficace (le tonnerre sort des guitares de Rothery) et l'interprétation de h qui parvient à faire passer un "Until my older brother… my older brother. I'm sorry. I can't continue..." pourtant trop suggestif.
Gaza
“For every hot-head stone ten come back
For every hot-head stone a hundred come back
For every rocket fired the drones come back
For thirteen years the roads have all been closed
We're isolated. We're denied medical supplies
Fuel and work are scarce. They build houses on our farms
The old men weep. The young men take up arms.
We're packed like chickens in this town of block cement
I get headache from the diesel. When it rains, the sewers too
I had no idea what martyrdom meant
Until my older brother… my older brother
I'm sorry. I can't continue.”
Forgotten sons
“And so as I patrol in the valley of the shadow of the tricolour
I must fear evil, for I am but mortal and mortals can only die
Asking questions, pleading answers from the nameless faceless watchers
That stalk the carpeted corridors of Whitehall
Who orders desecration, mutilation, verbal masturbation
I in the guarded bureaucratic wombs
Minister, minister care for your children, order them not into damnation
To eliminate those who would trespass against you
For whose is the kingdom, the power, the glory forever and ever, Amen
Halt who goes there, Death, approach friend”
Ce qui m’intéresse c’est de voir comment nos deux auteurs parviennent à leur idée finale – qui est donc d’évoquer la mort. Leur cheminement est totalement différent.
Hogarth nous rend compte d’une situation au fond comme pourrait le faire un reporter envoyé sur le terrain. Aucune tension psychologique n’est perceptible à la lecture de ces couplets, alors qu’ils débouchent pourtant sur un final dramatique.
Les trois couplets de Fish sont à l’exact opposé. S’inspirant d’un psaume de la Bible, chaque mot est un pas vers l’abîme. La violence (cette fameuse "violence" en effet !) de ces couplets est telle que le message en devient saisissant. Et la dernière phrase arrive presque comme un soulagement : "Halt who goes there, Death, approach friend"
Au final, ce qui sauve Gaza d'une certaine platitude, c'est la mise en musique qui est très soignée et très efficace (le tonnerre sort des guitares de Rothery) et l'interprétation de h qui parvient à faire passer un "Until my older brother… my older brother. I'm sorry. I can't continue..." pourtant trop suggestif.
- Anorakno
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Re: Texte Gaza
... Et de la basse de TrewavasAnne-A a écrit : le tonnerre sort des guitares de Rothery
C'est tout ce que j'ai à ajouter à cette analyse poussée !
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Re: Texte Gaza
Très intéressante analyse Anne. Je n'aime pas les comparaisons entre Fish et Hogarth, mais là ton ambition était ailleurs.
Tu parles d'un style "reporter" à propos du texte de H. Je suis assez d'accord, c'est comme s'il faisait un "compte rendu" suite à une visite , en tout cas dans sa première partie. Ensuite l'émotion entre en jeu dans la façon de chanter de H.
ça me fait penser à certains reportages de guerre, avec des personnes dont le quotidien depuis bien longtemps, depuis des générations, ressemble à ce genre de situations conflictuelles. Difficile parfois de déceler de l'émotion dans les yeux de certains de ces femmes et hommes qui ont appris, malgré eux, à côtoyer la mort qui s'est insidieusement inscrite dans les gênes des plus jeunes.
Alors, difficile de savoir si on peut croire au récit d'un enfant quand on lit le texte de Gaza...parce qu'on ne sait pas ce qui traverse l'esprit d'un petit gazaoui, ni pourquoi certains prennent les armes, pourquoi d'autres deviennent martyrs.
Reste l'espoir de jours meilleurs, et c'est ce que je retiens de ce texte.
Tu parles d'un style "reporter" à propos du texte de H. Je suis assez d'accord, c'est comme s'il faisait un "compte rendu" suite à une visite , en tout cas dans sa première partie. Ensuite l'émotion entre en jeu dans la façon de chanter de H.
ça me fait penser à certains reportages de guerre, avec des personnes dont le quotidien depuis bien longtemps, depuis des générations, ressemble à ce genre de situations conflictuelles. Difficile parfois de déceler de l'émotion dans les yeux de certains de ces femmes et hommes qui ont appris, malgré eux, à côtoyer la mort qui s'est insidieusement inscrite dans les gênes des plus jeunes.
Alors, difficile de savoir si on peut croire au récit d'un enfant quand on lit le texte de Gaza...parce qu'on ne sait pas ce qui traverse l'esprit d'un petit gazaoui, ni pourquoi certains prennent les armes, pourquoi d'autres deviennent martyrs.
Reste l'espoir de jours meilleurs, et c'est ce que je retiens de ce texte.